5 avril 2006
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On n'a même plus le temps de souffler !
Chers tous,
Bisous partout,
Je sais que vous êtes à peine remis de notre dernière création au Colombier. Le souvenir encore tout chaud de votre triomphe dagovéranien hante encore vos boites crâniennes. L'image persistante de Perrine et Claire hurlant leur bonheur, debout sur leurs strapontins, surgit devant vous sitôt que vous fermez les paupières pour vous autoriser un repos tardif mais Ô combien mérité. Seulement voilà, il ne faut pas laisser retomber le soufflé. Il faut boire le vin quand il est tiré. Surfons sur la vague du succès, sans attendre que l'adrénaline redescende au fond de nos charentaises. Bref, en un mot comme en cent, ne remettons pas à demain le bonheur de nous retrouver sur les planches. Dès à présent, travaillons, prenons de la peine, c'est le fond qui manque le moins.
Oui, je sais, c'est dur. J'entends déjà François gémir qu'on n'a même pas le temps de respirer. J'imagine Monique se plaignant de ma fougue tyrannique. Je vois le reste de la troupe, à la fois admiratif et harassé, se demandant : "Mais où va-t-il chercher cette folle énergie ?" En vous, mes amis ! Ouiiiiiiii, en vous ! "Entre ici, Jean Moulin, et j'te montrerai ma belle troupe !" se serait assurément écrié Malraux s'il vous avait connus ! C'est pourquoi je vous en conjure, remettons sur le métier notre ouvrage, et offrons-nous généreusement à notre fidèle public sans le laisser se languir davantage.
DEBOUT, Troupe du banc ! Il n'est pas venu, le temps de te reposer sous le marbre gravé d'un honteux "Requiem in pace" qui te couvrirait d'opprobre. Tu es vibrante, Troupe du banc, chaude sous la main, pleine de sève et dressée du désir insatiable qui anime tous tes membres, les simples, les turgescents, les séniles même (et nous en avons de plus en plus !).
En parlant de sénile, j'ai justement eu madame Lenoir au téléphone. La présidente du comité des spectacles de Ville d'Avray m'a supplié de jouer "Monsieur de Pourceaugnac" les 22, 23 et 24 mars 2007 au Colombier. Comme je lui opposais que vous aviez besoin de souffler un peu, que vous frisiez la surchauffe et qu'il devenait dangereux pour vos coronaires de vous imposer une prestation par trop hâtive, je l'entendis à l'autre bout du fil se jeter à terre, me hurler son amour et son admiration. Son mari ne put la retenir, elle arracha ses sous-vêtements d'un geste ample et rageur. Ses deux longs seins se déroulèrent jusqu'au sol, et elle entonna l'Internationale en serbo-croate, révélant ainsi malgré elle sa véritable nature. Monsieur Lenoir, désespéré, m'enjoignit de ne pas résister plus longtemps et d'accéder à sa folle requête.
Alors, de guerre lasse, j'acceptai du bout des lèvres et en votre nom de monter pour elle le chef d'oeuvre de Molière. En reniflant, elle se reboutonna et me remercia timidement, éperdue et confuse.
J'ai lutté, croyez-le bien, avant d'abdiquer.
C'est pourquoi j'implore votre compréhension et votre pardon.
Nous allons devoir nous remettre au travail.C'est pourquoi j'implore votre compréhension et votre pardon.
Je vous convoquerai prochainement pour élaborer ensemble
une distribution et un premier planning de répétitions.
une distribution et un premier planning de répétitions.
Je compte sur votre sens des responsabilités,
sur votre courage et votre pugnacité.
sur votre courage et votre pugnacité.
votre dévoué